dimanche 13 février 2011

L'Hydre dans la tourmente


L'Association connait depuis plusieurs semaines des problèmes très importants, et une partie des salariés (ou peut-être même l'intégralité, je ne sais plus) s'est mise en grève.
De très nombreux auteurs, amis, sympathisants, ennemis, embusqués, se sont exprimés à ce sujet. Il y a eu de nombreux articles sur l'affaire, une grève spectaculaire à Angoulême et des prises de position "médiatiques".
Jusqu'à présent, Menu ne s'était pas exprimé, et j'étais, à titre personnel, très mal à l'aise devant tout ça, avec l'impression d'une sorte de gigantesque règlement de comptes à son encontre, sans que je sois évidemment capable de dire s'il était justifié ou pas.
J'ai reçu ce soir un mail collectif de Menu qui s'explique - ou se défend.
Je ne sais toujours pas quoi en penser, pour être honnête, mais maintenant que Menu raconte sa version des éléments, et dans la mesure où il souhaite la faire connaître, je vous propose un récapitulatif des articles sur internet qui traitent du sujet.
Tout d'abord, il y a ce site, "Longue vie à L'Association", qui n'est apparemment pas l'émanation des salariés de la structure, mais qui rend compte de leurs revendications, et propose une pétition pour les soutenir.
Il y a aussi cette fin de message de Sfar sur son blog, qui fait part de son avis.
Jean-Louis de Cornélius, un petit peu dans le même esprit mais en développant, prenait position sur le blog de sa maison d'édition, et dans les commentaires d'un article (sans rapport direct) sur Du9.
Didier Passamonik, ennemi juré de Menu, prétend synthétiser toute l'histoire dans cet article d'ActuaBD.
Enfin, donc, Menu répond à ses détracteurs dans ce long article.

samedi 12 février 2011

Irruption de sapeurs


Jeudi 10 février, c'est la date anniversaire de la mort Nyarkos, grand maître sapologue décédé en 1995, et l'occasion pour une partie des sapeurs brazzavillois et la quasi-totalité de ceux de Kinshasa de se retrouver au cimetière de la Gombe.
L'année dernière, j'avais vu la délégation brazzavilloise déambuler le long du boulevard du 30 juin, mais je ne m'étais (bêtement) pas arrêté pour les suivre au cimetière. Cette année, rendez-vous était pris à 13 heures, mais rendez-vous raté pour cause de pas de bagnole.
Et j'ai bien raté quelque chose selon les témoignages croisés d'Arnaud et Christelle : 300 sapeurs ont envahi le cimetière, pour une défilé hallucinant et confus, dans une ambiance électrique, avec des sapeurs en slip (de marque, bien sûr) sur les tombes adjacentes, des sapeurs qui tombent dans des trous, qui partagent des joints avec les quelques flics censés organiser tout ça, un sorcier qui en profite pour faire un peu de fétichisme, et Papa Griffe, impérial, qui coordonne tout ça.
Le soir, tout de même, au vernissage d'une expo photos au CCF, l'évènement se rappelle à nous, puisqu'une vingtaine de sapeurs rescapés du cimetière font irruption dans la salle, et défilent devant la petite assistance médusée et ravie.
Parmi eux, Papa Griffe, bien sûr, dans un costume qu'il a lui-même dessiné, mais aussi un illustre représentant du Congo d'en face, septante-deux ans, costume bleu et pipe au bec, et le petit-fils putatif de Nyarkos, costume bordeaux et démarche proche des silly walks des Monty Pythons.
La suite de la soirée se passera à l'espace Sadi.











C'est difficile d'expliquer l'effet produit par les sapeurs à Kinshasa : ils débarquent généralement dans un nganda d'un quartier défoncé de la cité (à Matonge, par exemple), défilent et posent de manière outrée, exhibent les étiquettes des marques les plus prestigieuses, clament le prix que ça a coûté ("Ca coûte cher" est la phrase qui revient le plus souvent), le comparent aux prix des maisons du quartier ("Trois parcelles à Ngiri Ngiri !"), se défient dans des battles burlesques, et repartent accompagnés par une petite foule qui les acclame.
Être sapeur dans une ville misérable comme Kinshasa, c'est faire un bras d'honneur radical et jouissif à la pauvreté qui n'en finit pas.

mercredi 9 février 2011

De Nantes à Montaigu

Il y a, à Nantes, un petit atelier dont j'ignore le nom, mais dans lequel travaillent deux petits salopiots. J'imagine leurs journées, à cancaner, à médire à tort et à travers, à rire comme des hyènes.
Il y a un peu trop de Nantais dans les gens avec lesquels je travaille, je devrais faire gaffe.
Autant le dessinateur réunionnais est bon comme un rougail saucisses boucanées cuit longuement au feu de bois, pur comme l'air de nos montagnes aux cimes qui tutoient le ciel, honnête comme le brave créole qui jamais ne ment, et travailleur comme le petit planteur qui se lève aux aurores et qui n'a que l'ambition du travail bien fait, autant le dessinateur nantais est un sale type, un être avili qui n'a plus aucune valeur, et dont la ville, au passage, s'est enrichie de manière ignoble sur le trafic d'esclaves.
Le Nantais est un sale type certes, mais souvent talentueux, ce qui est un peu énervant.
Tanquerelle commence à griffonner notre bd, qui s'appellera quelque chose comme "Carthago delenda est" et qui va vraisemblablement révolutionner l'idée qu'on se faisait du peplum, et Brüno, revenu des abysses infernales, s'est lancé dans les premières pages de "Gbadolite", une sorte de graphic-novel sur la chute d'un dictateur africain qui emprunte beaucoup à Mobutu.


dimanche 6 février 2011

Kill ! Kill !


Tura Satana, la plantureuse héroïne de Faster, Pussycat ! Kill ! Kill ! a rejoint son mentor Russ Meyer, dans un autre monde, plein de bagnoles qui vont à fond la caisse, de filles aux gros seins qui fichent des raclées à des péquenots, et de rock de série B.



"We had leather motorcycle jackets, jeans and boots and we kicked butt."

Quand le Chaudron


Il y a 20 ans, à la suite de l'interdiction de Télé Freedom (que nous appelions "Télé Lapo"), des émeutes éclataient au Chaudron.
Combien de morts lors des "évènements" du Chaudron ? Etait-ce la "nuit des kaniars" comme l'avait dit sur RFO Bruno Minas, aujourd'hui correspondant de RFI à Kinshasa et qui me disait l'autre jour, autour d'un succulent carry boucané qu'il avait préparé, combien cette phrase malheureuse (?) l'avait poursuivi ?
En 1991, j'étais étudiant à Paris, et, avec les dalons exilés, nous suivions de loin ce qui se passait, en regardant la télé, en lisant les comptes-rendus dans les journaux, ou, plus efficacement, en téléphonant aux copains ou à la famille qui étaient sur place.
Il y a eu d'autres "évènements" au Chaudron par la suite - et pas qu'au Chaudron -, je me souviens par exemple que l'année suivante (ou celle d'après, je ne sais plus trop), en rentrant au Moufia, j'avais été arrêté par les gendarmes - au niveau du pont bailey - qui filtraient l'entrée de Sainte-Clotilde, qui vérifiaient qu'on ne venait pas "foutre la merde", et effectivement, plus loin, dans la nuit, il y avait des files de jeunes gens qui remontaient la route en transportant le fruit de leurs pillages.
Il y a plus de chaînes de télé aujourd'hui à la Réunion, mais je ne suis pas sûr que la société réunionnaise aille beaucoup mieux.

samedi 5 février 2011

Mobutu et Pardon !


Papier cadeau de Pardon ! (et qui a servi de carte de voeux à Isabelle B.)

Au Congo, à poil

Le site de "collection revue" propose une version assez désopilante de Tintin au Congo "à poil" : les 7 premières pages de l'album, dans lesquelles le vaillant reporter du petit XXeme est redessiné sans ses habits.
Je suppose que ces images ne vont pas rester très longtemps accessibles, et que la terrible et sourcilleuse fondation Hergé va s'empresser d'y mettre bon ordre, mais tant qu'on peut y accéder, profitons-en : c'est débile et bien rigolo que ça tombe sur l'album le plus controversé de Tintin.

mercredi 2 février 2011

La Grippe malgache

J'ai trouvé la planche de la Grippe coloniale revue et corrigée par Anselme, sur le site de Totoche.



Salut à toi, Anselme !

Anselme


Anselme Razafindrainibe est mort.
Anselme était le plus génial dessinateur malgache du monde, comme le dit Hobopok, son neveu par alliance. Dessin à l'arrache, propos corrosif et politique, attitude punk, sans doute auto-destructrice aussi, ces dernières années. Mais être Anselme à Madagascar ne devait pas être facile : les difficultés matérielles, la mort des proches (son frère Aimérazafy mort il n'y a pas si longtemps), la chiennerie de la vie dans un pays misérable, la chiennerie de la vie tout court aussi, tout ça ne pouvait que pousser vers le seul médicament illusoire de l'Océan Indien, le rhum, et le rhum la pa bon, oté.
Anselme a très vite accompagné le Margouillat, qui l'a publié dans ses pages, puis en livre ("Retour d'Afrique", un des meilleurs BD-reportages qui existe sur l'Afrique, chez Centre du Monde).

Je me souviens qu'une fois, nous étions allés à Angoulême ensemble. Anselme qui était un vrai fan de BD trouvait que l'ambiance y était bien trop sage. Il était prêt à tout faire péter. Je me souviens d'une autre fois, au festival de Saint-Denis, où il discutait avec Munoz, Rosinski, et Willem, je crois, et c'était le malgache le plus radical, le plus rock'n'roll.
Je me souviens, enfin, qu'il avait redessiné une page de la Grippe coloniale, y ajoutant quelques "putain" et "merde" bien sentis, et c'était génial, et j'aurais aimé poster cette planche ici, mais elle est quelque part dans un garde-meubles de la Réunion.

La photo aux zébus, très chouette, est d'Hobopok.