jeudi 15 mars 2012

Heart of Pinkness









Gael me signale ces étonnantes photos roses de Richard Mosse.
Le Kivu, théâtre de l'une des plus effroyables guerres de ce dernier demi-siècle, prend une touche moébusienne lorsqu'on le colorie en rose.

dimanche 4 mars 2012

Smoke on the water

KINSHASA (Reuters) - Trois explosions ont secoué Brazzaville, et l'on pouvait voir une énorme fumée au-dessus de la capitale de la République du Congo dimanche matin, rapporte un témoin.

Un porte-parole du gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC), citant des sources du gouvernement de la république congolaise, a indiqué que les explosions venaient d'un dépôt de munitions situé à proximité du fleuve Congo, non loin de l'hôtel Hilton, à Brazzaville.

"Il y a eu trois énormes explosions, dont une qui a soufflé ma fenêtre il y a quelques minutes, et on a entendu ensuite toute une série de détonations moins fortes", a dit un témoin, qui vit à Kinshasa, capitale de la RDC, située à moins de dix kilomètres de Brazzaville.

A Kinshasa, la télévision publique a lancé un appel au calme à la population.

Les autorités de la république du Congo n'ont fait aucun commentaire dans l'immédiat.

vendredi 2 mars 2012

Palmarès


Le mode de fonctionnement du palmarès d'Angoulême m'a toujours paru maladroit. Le festival récompense d'une part des livres, supposés les « meilleurs » de l’année, et d'autre part un auteur, pour l’ensemble de son oeuvre. C'est à la fois le Goncourt et le Nobel, et c'est sans doute à la fois trop ambitieux et à peu près illisible par le grand public.

A quoi sert un palmarès ? A moins à donner une visibilité à un livre, j'imagine. Il s'agit de dire "le meilleur bouquin de l'année, c'est celui-là". Mais Angoulême ne peut pas se contenter de ne donner qu'un seul prix, sauf à engendrer tout un tas de frustrations (chez les éditeurs, les auteurs, les lecteurs ?), alors plutôt que fonctionner sur le mode Goncourt, le festival a choisi le mode "festival de Cannes".



A Cannes, on récompense des films, et du coup on peut multiplier les prix techniques (acteur, actrice, scénario, image, son - enfin, je ne sais plus quelles catégories sont envisagées, mais il y en a un paquet). Or en BD, ces récompenses techniques n'ont à peu près aucun sens, parce que la bd n'est pas un art industriel avec des corps de métier. Fondamentalement, récompenser le scénario d'une bande dessinée, comme le proposait le festival il y a quelques années, était une aberration, parce que le scénario, ça n'existe pas, ce n'est qu'une étape, qu'un ingrédient mal défini, dans l'élaboration d'une œuvre, disons, "une et indivisible". Le système était d’ailleurs allé assez loin dans l’absurde, puisqu’on a même récompensé parfois « les meilleurs dialogues ». On croit rêver : pourquoi pas le meilleur lettrage, les plus jolies couleurs, le meilleur emploi du subjonctif, la plus chouette couverture, et, pour satisfaire les métiers du livre, la meilleure reliure, le plus beau grain de papier ?

Angoulême a ensuite abandonné l'idée des récompenses techniques, et s'est penché sur des récompenses liées au genre ou au public visé. Sauf que ça ne marche pas non plus : les genres sont poreux, un livre ne se réduit pas au genre auquel on l'assigne, les genres sont multiples et multipliables (pourquoi un Fauve SNCF "polar" et pas un Fauve "Science-Fiction" ?), et de toute façon, il vaudrait mieux qu'un festival de genre récompense une bd de genre, ce serait plus cohérent (par exemple les Utopiales récompensant la meilleure bd de SF).

Encore une fois, la solution la plus saine, la plus cohérente, serait de ne récompenser qu’un seul livre : la meilleure bd de l’année, point barre. Ce serait simple, définitif, et extrêmement efficace du point de vue des retombées médiatiques et sans doute commerciales. Le meilleur album de bande dessinée de 2011 est « Une Vie sans Barjot ». Hop, bandeau, articles de presse, compte-rendu critique, tout le monde s’en souviendrait : « après « Pauline et les loups-garous » en 2010, c’est « Une Vie sans Barjot » qui emporte le Fauve d’Angoulême ».

Mais ce n’est pas possible, il faut satisfaire plus de monde, d’autant qu’aucun autre prix concernant la Bande Dessinée n’a un tel impact médiatique.




Trondheim avait eu la judicieuse idée de proposer, lors de sa magistrature, des prix « essentiels ». Il y avait le Fauve d’or pour le meilleur bouquin, et 5 ou 6 « essentiels ». C’était simple, et assez clair : le meilleur livre et ceux qu’il faut avoir lus pendant l’année. Pour une raison que j’ignore, ce système a été abandonné – peut-être parce que cette histoire d’ « essentiels » prêtait encore à confusion.

Alors Angoulême a retoqué un palmarès en instaurant des catégories (en plus du fauve d’or), qui ne sont ni techniques ni de genre : fauve « Regards sur le monde », fauve « Coup de cœur », des trucs comme ça. Encore plus incompréhensible : l’album fauve d’or n’est pas un « coup de cœur » ? L’album fauve d’or n’est pas un « regard sur le monde » ? Bon sang, mais il ne fallait pas lui donner le prix alors !

Outre la difficulté de comprendre ces catégories, le palmarès a un impact médiatique à peu près nul, trop de prix, trop de nominés, on ne sait plus de quoi on veut parler. Du coup, on va parler du Grand Prix, mais le GP d’Angoulême, ce n’est pas un livre mais une œuvre qui s’étale sur plusieurs années (et d’ailleurs, les « bons » livres d’un GP ne sont pas forcément les plus récents).

Les éditeurs ne peuvent même pas jouer le petit truc marketing du bandeau « nominé à Angoulême » (qui est la médaille en chocolat de ceux qui n’ont rien gagné), parce que des nominés, dans le système actuel, il y en a à la pelle : 96 nominés, cette année ! Quelle valeur peut avoir une nomination, dès lors que vous êtes presque cent à en bénéficier ?



Comment faire alors ? Hé bien, j’ai la solution (heureusement que je suis là). Voici les prix à attribuer :

- Un fauve d’or : le meilleur album de l’année, sur lequel on communique à donf et qui est évidemment la récompense suprême. Au passage, le festival d’Angoulême aurait tout intérêt à justifier clairement son choix par un communiqué critique qui présente le livre primé. (mais enfin peut-être qu’ils le font, je n’en sais rien)

- Un Fauve « premier album » : une catégorie qui existe, je crois, et qui est une des rares légitimes.

- Un Fauve « Prix de la Critique », c'est-à-dire celui de l’ACBD, qui a été évincé du festival pour une raison obscure, alors même que c’est un vrai prix, avec son jury, et qu’on le comprend.

- Un fauve « Patrimoine », comme celui qui existe déjà pour récompenser un travail d’éditeur ou de critique sur une édition patrimoniale.

- Un Fauve « Meilleur album étranger », ou, disons, meilleur album en langue étrangère traduit.

Et voilà, 5 prix, clairement distincts, facilement compréhensibles par tout le monde, pour lesquels on peut faire à chaque fois une short-list de 5 nominés. On peut garder le Grand Prix, c’est une récompense « bâton de Maréchal » qui a le mérite de créer des polémiques sans fin sur les sites spécialisés (au passage, je me réjouis que JC Denis ait été choisi cette année).

Ne me remerciez pas, je le fais pour le bien de la Bande Dessinée mondiale – mais remettez-moi un prix la prochaine fois, bordel.