samedi 28 août 2010

Au Mont NGaliéma

J'avais raconté l'année dernière ma visite du musée du Mont NGaliéma, avec ses incroyables réserves d'objets traditionnels et ses statues coloniales belges déboulonnées.
Les choses ont changé, cette année, puisque désormais une salle d'exposition permet de découvrir une partie des collections, et que la majorité des statues coloniales ont été remises sur socle.

Louise P. qui m'a gentiment accueilli aujourd'hui, me fait visiter une partie du musée que je n'avais pas vue l'année dernière : le cimetière des pionniers (quelques dizaines de tombes, dont une partie a été vandalisée, des tout premiers colons de l'Etat Indépendant du Congo de Léopold), le parc du palais ex-présidentiel de Mobutu (dans lequel, à ses heures de gloire, batifolaient zèbres et antilopes), et le fameux théâtre de verdure que l'on voit souvent dans les anciennes photographies touristiques zaïroises.

Louise est arrivée en 79 à Ngaliéma, et a donc vu le parc se dégrader lentement et sûrement. Elle se souvient de Mobutu venant en début de soirée admirer ses animaux sauvages (outre ceux mentionnés, il y avait des cages avec des fauves - des léopards évidemment -, des volières pour les aigles, et des singes). Quant au théâtre de verdure, elle ne l'a jamais vu véritablement actif, et pense que le concert de Miriam Makéba en 74 a dû être le dernier évènement d'importance qu'il ait connu.

Nous discutons un peu de cette fameuse année 1974 : non seulement Mohammed Ali et George Foreman s'affrontaient au stade du 20 mai (actuel Tata Raphaël) dans ce que les anglo-saxons appellent "The Rumble in the Jungle", mais l'équipe nationale zaïroise de football (les fameux Léopards) devenait la première équipe d'Afrique noire à être sélectionnée dans une phase finale de coupe du monde (en Allemagne : elle subit aussi la pire défaite de cette compétition), et enfin Kinshasa accueillit un festival musical de trois jours, le "Zaïre 74" justement, durant lesquels 31 groupes et artistes, zaïrois et étrangers, mirent le feu au monde : James Brown, Bill Withers, BB King, The Spinners, Miriam Makéba...

Louise se souvient bien de l'évènement, quoiqu'elle fût sans doute très jeune, car justement, le jour du combat Ali-Foreman, elle avait dû quitter, à son grand dam, une Kinshasa survoltée pour un voyage vers Matadi.

L'autre jour, en cherchant des t-shirts congolais ou zaïrois, je suis tombé sur un site vendant le t-shirt jaune "Zaïre 74", reproduction de celui que portait Mick Ronson "à Londres en 1982". Il semble que le Spider from Mars ait longtemps joué en l'arborant fièrement.

Je serais vachement fier, moi aussi, de porter ce t-shirt : si quelqu'un me l'offre, je promets de... je promets chai pas quoi, mais je le promets.

vendredi 27 août 2010

A Day at the Races

Grosse affluence à l'hippodrome Henri Milliard de Nouméa, ce dimanche, puisqu'on y dispute deux des grands prix les plus populaires du Caillou, à savoir le Grand Prix de Nouméa et surtout la Casinos Coupe Clarke.
Tous les broussards fanatiques du canasson sont montés dans la capitale, et il y a même des équipes d'Australie et de Nouvelle Zélande.
Quand je me pointe, avec la ferme intention de gagner des millions aux courses - évidemment, c'est la première fois que mets les pieds dans un truc comme ça -, la journée est bien entamée, et j'ai raté notamment le concours de chapeaux (pour les dames). N'empêche, la Coupe Clarke n'a pas commencé, et j'ai le temps d'admirer les superbes tenues des jockeys (qui ont le même tailleur que le cirque Raluy), et d'écouter quelques pronostics de stockmen venus de Bourail et qui ont l'air de s'y connaître.

Je mise royalement 200 francs cfp sur un canasson qui a le double avantage de porter un nom idiot qui m'amuse (dont je me souviens plus : Tropical Thunder, Atomic Palmier, le genre quoi) et d'avoir une cote très intéressante (278/1, ce qui devrait me rapporter une somme considérable).
Alors le truc des cotes, il faut le savoir, est un indicateur assez fiable de la qualité du bourrin qui court : à 278 contre 1, Atomic Palmier s'avère particulièrement minable, arrivant loin derrière les autres fringants coursiers.
Les broussards hurlent leur joie à côté de moi, car, comme ils l'avaient pronostiqué, c'est le héros de Bourail qui l'emporte dans la 9ème (Casinos Coupe Clarke) : New York Magik (propriétaire : Nasser), monté par Christian Dolbeau, devance largement Spectacular Garden (Persan) et Magical Edition (du Cap).

Un peu dégouté de ce coup du sort qui m'empêche d'être millionaire en francs pacifique en un tour de main, je mise l'ensemble de ma fortune (300 fcp) sur un cheval qui semble avoir ses chances (d'après les cotes) dans le Grand Prix de la Ville. Las, mon favori arrive avant dernier, et c'est Strawberry Tart qui l'emporte (devant Rocket Gal et Malukar).

La prochaine fois, j'irai à l'opéra.

jeudi 26 août 2010

Nepa, Edel, Snel


A Lagos, on disait que les initiales NEPA signifiaient "Never expect power again". A Luanda, EDEL était à peu près infoutue de passer plus de deux jours sans coupure. A Kinshasa, la SNEL s'en tire à peine mieux : je suis rentré à Kin depuis 3 jours, et c'est le premier soir où la fée électricité me rend visite.
Back in town, et in a new town, un peu. Les festivités du 30 juin sont passées par là, et la ville a été refaite à neuf - ou presque - ou un peu. L'avenue du 24 novembre (qui s'appelle désormais Avenue de la Libération, je crois) a été bien goudronnée, avec un beau marquage au sol, c'est très beau, sauf que, pour une raison mystérieuse, goudron et marquage s'arrêtent brusquement au niveau de l'université protestante, laissant de nouveau la place à cette espèce de piste pourrie semi bitumée qui fait la joie des automobilistes dans les embouteillages. L'avenue du 30 juin, c'est autre chose : de bout en bout entièrement refaite, marquage impeccable, avec des files pour les voitures, des flêches pour dire où on peut tourner, des passages piétons avec des flics en fluo qui les font respecter, et - mazette ! - une double rangée de lampadaires qui fonctionnent et qui donnent à Kinshasa la nuit, un faux air de grande capitale européenne (enfin, d'Europe de l'Est, hein). Place de la gare - d'où a été délogé le marché dit "des voleurs" -, on a construit une super fontaine musicale, avec jets d'eau magnifiques et panthères en bronze. Là, quand je suis passé tout à l'heure, il n'y avait plus d'eau, mais je suis sûr que le jour de l'inauguration, ça en jetait.
Deux mois de vacances après, à la Réunion évidemment, et en Nouvelle Calédonie (et peut-être que je raconterai ça, si j'ai pas la flemme, et si je ne trouve pas l'idée du blog encore une fois complétement débile), me revoilà à Kinshasa ("la capitale du monde, mais là c'est un peu la merde" comme le dit Jupiter), prêt à tout, même à accueillir le festival Kin-anima-bulles, et ses auteurs de bd que j'ai fait venir (et croyez-moi qu'il y a de sacrés débiles dedans).