Neuf heures de vol pour rejoindre Bukavu depuis Kinshasa. Il faut dire que c'est un vol MONUSCO, et qu'il fait de multiples escales dans le pays, soit pour décharger sa cargaison de casques bleus (urugayens, égyptiens, ghanéens...), soit pour en faire le plein.
Bien sûr, il n'y a pas que des soldats dans l'avion (dans *les* avions, puisque j'en changerai 3 fois), il y a aussi du personnel civil de l'ONU, des diplomates étrangers, quelques personnalités congolaises.
Si on excepte les Congolais (et moi), tout ce beau monde ne parle qu'anglais, ce qui ne manque pas de m'étonner/m'agacer alors que nous survolons le plus grand pays francophone du monde.
Chaque escale est un petit bout du pays que je dévore avec avidité, puisqu'il est à peu près sûr que je ne reviendrai jamais dans ces villes perdues du grand Congo.
De Kananga, capitale du Kasaï Occidental, je ne verrai donc que l'aéroport de l'ONU et je n'en garderai comme souvenir que ce sandwich au corned-beef assez dégueulasse qui me filera un mal de bide pour la journée.
Mais en survolant le Nord du Katanga, je découvre l'immense plaine africaine, une interminable plaine bornée par nulle montagne, au milieu de laquelle, sous le couvercle d'un temps orageux effrayant, apparait l'aéroport de Kamina. Un aéroport seul, au milieu de nulle part, sans ville visible à l'horizon (en fait, j'apprendrai qu'elle se trouve à une soixantaine de kms de là), et qui date de Mobutu, des Belges peut-être. C'est très impressionnant.
Puis, dans le dernier coucou, le plus petit du voyage, qui se dirige plein Est, je m'assoupis un peu, et quand j'ouvre les yeux, je vois la mer. Évidemment, ce n'est pas la mer - il ne peut pas y avoir la mer en plein milieu de l'Afrique - mais c'est mieux encore : le lac Tanganyika à perte de vue ! L'avion descend vers Kalémie, et son minuscule aéroport installé sur la rive même du grand lac.
Il fait bon, chaud, un temps d'île tropicale, les eaux du lac sont transparentes, lagonesques, et il y a des hélicos frappés du sigle U.N. qui décollent et atterrissent toutes les 10 minutes.
Enfin, lorsque nous repartons, c'est pour un dernier trajet, cette fois-ci au dessus du Sud-Kivu, direction le lac du même nom, et la ville de Bukavu.
Bukavu, provinces du Sud et du Nord-Kivu, lac Kivu, Goma, l'Est du Congo, c'est l'histoire du pays qui s'est joué ici : Stanley retrouvant Livingstone, la Force Publique affrontant l'armée allemande, la villégiature coloniale belge, les réfugiés du Rwanda au moment du génocide, les kadogos de Kabila s'élançant à l'assaut du Zaïre moribond, la 1ère et la 2ème guerre du Congo... Me voilà parti pour 5 jours dans l'Afrique des grands lacs.
Euuuh... Qu'entends-tu par "plus grand pays francophone du monde" exactement ? La plus vaste étendue de jungle et de brousse peuplée par un nombre non négligeable de populations d'une centaine de langues maternelles différentes que le colonisateur puis le pouvoir central autochtone ont maintenu sous sujétion entre autres en leur demandant de bien vouloir s'adresser à leurs fonctionnaires en français pour payer leurs taxes, droits, dîmes, et autres bakchichs ? Ou le pays vaguement le plus peuplé de l'organisation de la francophonie après la France (déduire à la louche 500 000 locuteurs potentiels par année de guerre) ? On ne sait qu'entendre...
RépondreSupprimerEt sinon Tanganyika avec un i au milieu.
Le plus grand en population vraisemblablement, avec plus de 70 millions d'habitants peut-être (mais le dernier recensement date de 1981), et j'aurais bien dit en superficie, mais soudain le Canada se rappelle à moi.
RépondreSupprimerEt contrairement à bien d'autres pays d'Afrique, le français y est une langue d'usage (en se mélangeant avec le lingala, le swahili, le kikongo, le tchilouba etc).
Merde, je crois que je découvre aujourd'hui que Tanganyika s'écrit comme ça !
Retenons alors l'argument de la population. Le chiffre que tu avances est impressionnant, mais s'il s'agit d'estimations...
RépondreSupprimerpour info, l'ambassade de france à kin estime à 15 millions le nombre de congolais francophones, dont seulement 3 millions maîtrisent parfaitement la langue.
RépondreSupprimersinon ha c'est bien ces photos, c'est bien ces voyages dis donc !
(ça fait super envie et je suis super jaloux, grrr).
Aaaah les chiffres et le Congo ! Déjà qu'on ne sait pas combien il y a d'habitants, alors savoir qui parle français là dedans ! Et d'ailleurs, qu'est-ce que ça veut dire "parler français" ? A partir de quand considère-t-on que l'on parle "bien" français ?
RépondreSupprimerBref, les chiffres de l'OIF (qui n'ont pas plus de légitimité que les autres, mais qui ont été rappelés par les "spécialistes" d'une conférence sur la francophonie (conférence minable, par ailleurs) à laquelle j'ai assisté) disent que plus de 40% de la population est "partiellement ou intégralement" francophone en RDC.
Sinon, prochaine destination : Kisangani, en février j'espère ! Tu seras là !