Ainsi donc, encore aujourd'hui, Bukavu et sa région sont des zones de guerre. Rien n'y parait pourtant, à première vue : une très jolie ville, construite sur des presqu'îles qui entrent dans le lac Kivu, une architecture coloniale très belle, un climat frais, un lac donc, qui lui donne un air de canton suisse.
Et pourtant, la présence massive de soldats de l'ONU, la kyrielle de véhicules aux sigles d'ONG diverses et variées, et peut-être l'espèce de tristesse générale qui se dégage de la ville, sont autant de signes que rien n'est fini dans les Kivu.
Avec Hippolyte, on fait une petite expo à l'Alliance française, on visite les écoles primaires et secondaires de la ville (magnifiques écoles, surplombant souvent le lac), on rencontre même Arnold, l'enfant-soldat héros du reportage dessiné de Stassen (dans XXI).
Et puis, on prend le temps de ne rien faire aussi, dans cette jolie ville, sinon d'admirer la belle villa du consul de France, ou de sortir un soir et d'aller dans une surréaliste soirée d'humanitaires : des dizaines de jeunes gens, garçons et filles, qui n'ont pas 30 ans, qui parlent anglais, allemand, espagnol, italien, et qui boivent beaucoup, et dansent sur de la variété internationale, comme si soudain, nous n'étions plus au coeur géographique du conflit le plus meurtrier depuis la seconde guerre mondiale, mais dans une quelconque soirée Erasmus.
Mais c'est peut-être justement parce que ces presque gamins voient toute la journée des enfants-soldats, des femmes violées, des paysans déplacés, des victimes civiles du conflit, qu'ils dansent sur les Black Eyed Peas en riant fort. Va savoir.
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