Kisangani, province orientale.
Ici commence le fleuve Congo qui s'appellait encore, quelques mètres en amont, la rivière Lualaba. Les Stanley Falls (que je préfère désormais appeler - comme les habitants - "chutes boyoma" ou "chutes wagenia") séparent le cours d'eau en deux entités distinctes, sans que l'on sache s'il s'agit d'une convention ou d'une subtile réalité hydrographique.
Les pêcheurs wagénia y construisent d'habiles dentelles de bois bardées de nasses géantes pour y capturer les poissons du fleuve (ou de la rivière, ça dépend donc).
Ici commence le Congo, parce qu'ici Stanley fonda une station (qui deviendra Stanleyville), qu'il confia à Tippo-Tip, le grand esclavagiste arabo-swahili, avant de continuer vers l'Ouest et d'atteindre la fin du bief navigable, c'est à dire Kinshasa.
Mais à visiter Kisangani, on finit par se demander si ce n'est pas ici que finit le Congo : troisième ville du pays, de peut-être un million d'habitants, qui ressemble à une bourgade de province ; cité au coeur du pays, trois fois martyre, où les troupes ougandaises et rwandaises s'affrontèrent il y a à peine plus de 10 ans, où le RCD massacra allègrement les civils ; capitale d'une province immense, et sans doute immensément oubliée par le pouvoir central...
Au milieu de cette ville délabrée, déclassée, défoncée, trône le Congo Palace, immense hôtel de luxe à l'abandon : la métaphore est facile mais assez efficace (voir ce reportage).
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