mercredi 6 août 2014
Madame Livingstone
Je n'ai pas encore reçu mes exemplaires, mais le livre est sorti. Je n'en suis pas à proprement parler le scénariste, puisque c'est Christophe Cassiau-Haurie qui l'est, mais je suis l'auteur du récit original.
A Kinshasa, Barly Baruty et moi discutions régulièrement d'une collaboration, mais je n'arrivais pas tellement à trouver un sujet qui me satisfasse. Un jour, Barly m'a raconté l'étrange histoire de son identité, comment à la suite de la zaïrianisation forcée de l'ère Mobutu, il a dû abandonner son double prénom d'Alexis-Livingstone pour celui de Barly. Surtout, il m'a raconté que son propre père s'appelait déjà Livingstone avant lui, et que la légende familiale prétendait qu'ils descendaient tous de fameux Docteur Livingstone et d'une jeune femme du Manièma. Cette question un peu scandaleuse du fils métis et caché du bon docteur écossais lui semblait (à Barly) une bonne base de départ. Cette histoire m'a enchanté (si non e vero, è ben trovato), d'autant que le fils éventuel de Livingstone pouvait avoir connu la Première Guerre Mondiale, or, je venais incidemment de découvrir l'histoire étonnante des hydravions belges de la Force Publique partis bombarder les Allemands du Tanganyika. C'est donc sur cette base (un métis, fils caché du dr Livingstone, aide l'armée coloniale belge à combattre les Allemands de l'autre côté du lac) que j'ai commencé à écrire mon scénario. Je voyais la chose assez simplement : 46 pages, de grandes cases pour découvrir les grands espaces de l'Est du Congo, un hydravion jaune qui vole au dessus, et des considérations sur les peuples qui se battent, la colonisation, le métissage et les rapports entre blancs et noirs au début du XXème siècle. Un récit aérien, graphique, et bavard. Mais Barly avait plus d'ambition que moi, et il voulait de la densité, du long cours, du roman graphique - ce en quoi, il avait raison. Me sentant un peu le souffle court sur ce coup là, j'ai joint ce vieux Christophe pour qu'il se lance dans l'aventure : je lui filais mes quelques notes, mon synopsis, à charge pour lui d'en faire un vrai long récit. Ce qu'il a fait admirablement.
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