jeudi 30 septembre 2010

L'enfer au paradis

J'ai hésité sur le titre : "Pas de boulanger à l'île des Pins" me plaisait bien aussi.
Quelques photos de la dernière escale avant le paradis, comme disent les prospectus publicitaires. L'île des Pins, au sud de la Nouvelle Calédonie, c'est une sorte de carte postale définitive du Pacifique : un lagon d'un bleu incroyable, des poissons partout, des pirogues à balancier qui glissent sur l'azur, des plages qui n'en finissent pas, bordées d'immenses pins colonnaires (les araucarias qu'on retrouve à la Réunion), des totems kanaks. Et un bagne.

Oui, parce que dans l'esprit autoritaire du XIXeme siècle, ces terres lointaines et à peine connues, ne pouvaient servir que de prison pour les proscrits du pays (comme l'Australie pour l'Angleterre, quelques dizaines d'années plus tôt).


Je ne suis jamais allé en Guyane, mais je peux à peu près imaginer quel enfer vert ce fut, mais lorsqu'on visite l'île des Pins, où la nature semble douce, apprivoisée, enchanteresse, on a du mal à envisager que ce fut un haut lieu de relégation pour des milliers de prisonniers de droit commun, et surtout de communards.
Pourtant, ce fut vraisemblablement effroyable, comme dans toutes les prisons de cette époque.

Que reste-t-il du bagne calédonien ? Des bâtiments en grosses pierres, qui sont petit à petit dévorés par la végétation, et ça aussi c'est étonnant : le territoire ne semble plus tellement entretenir ce qui est pourtant une trace fondamentale de ce que fut la colonisation française dans le Pacifique (alors même que l'Australie réussissait, en juillet, à faire inscrire au patrimoine mondial ses propres bagnes, dont on dit qu'il reste bien moins de vestiges qu'en Calédonie).



Vrai français


Il y a donc aujourd'hui les vrais Français et les faux Français. Un faux Français, c'est un Français qui a fait la démarche volontaire de devenir français, qui, vraisemblablement, a choisi en son âme et conscience d'adhérer à ce que représente la France pour lui, tandis que le vrai Français, lui, s'est juste donné la peine de naître, comme dirait Figaro.

Il y a donc aujourd'hui en France, deux types de citoyens : ceux de naissance, les normaux, et ceux par naturalisation, qui ne seront jamais que des citoyens de seconde zone, tout à fait susceptibles de perdre leur nationalité à tout moment (aujourd'hui pour les tueurs de flics, demain pour les polygames, après-demain pour quoi ?).


Calvo s'est trompé, la bête n'est pas morte.

mercredi 29 septembre 2010

Fin de party

Plus que quelques pages et Stéphane Oiry et moi aurons fini notre nouveau bouquin chez Futuro. Nouveau bouquin sans titre pour le moment. Au départ, nous avions pensé l'intituler "Last Night Party" du nom d'un site d'un photographe branchouille américain, puis "Teenage Kicks" s'est imposé à nous : le titre des Undertones semblait refléter parfaitement l'état d'esprit de notre récit. Puis finalement non. D'abord, maintenant que j'écris les dernières pages, je me rends compte que je me suis éloigné du projet initial (mais il fallait s'y attendre) et surtout, ça m'emmerde à moitié d'avoir un titre en anglais, et la référence undertonienne sent un peu les mecs qui font leur malin.
Comment intituler ce bouquin, alors ? "Chef d'oeuvre" serait approprié mais ne manquerait sans doute pas d'êre mal interprété par des concurrents jaloux. On cherche toujours.

dimanche 19 septembre 2010

Brand new cadillac

A Kinsuka, le long du fleuve, on construit de plus en plus de petites terrasses pour que le promeneur du dimanche s'attarde à déguster une primus au bord des rapides.
Ce qui fait la singularité de l'une d'elles, ce n'est pas tant le joli point de vue sur l'île du diable (d'où aucun mundele n'est jamais revenu, chuchote-t-on) qu'elle propose, mais plutôt sa cour poussièreuse où dorment - du dernier sommeil, sans doute - 4 ou 5 immenses limousines.

Que font-elles là ? Est-ce que le taulier est un ancien chauffeur de Mobutu ? Un ancien ministre ? Un féru de grandes américaines qui compte les retaper ? Le beau-frère d'un garagiste ?

jeudi 16 septembre 2010

Arzach

Il parait qu'il y a un nouveau Arzach qui sort (dixit Li-An). Je n'en attends rien de particulier, mais soudain je pense à Moebius, et je me souviens du choc esthétique absolu qu'avait constitué la lecture d'Arzach, quand j'étais ado : quelques pages muettes d'un type sur une mouette géante, et voilà que j'avais un monde entier, immense, inconnu qui s'ouvrait à moi.

Moebius peut tout rater après ça, on s'en fout, il a dessiné Arzach, et il est immortel.

Evariste et Gustave

Deux écrivains majeurs pour moi.
Le premier extrait a été pompé sur le site de Jean-Noël Lafargue, et il est particulièrement d'actualité.
Le deuxième extrait aussi est d'actualité, à sa manière. (Pour ceux qui l'ignorent, Evariste de Parny est le premier écrivain réunionnais : libertin, athée, anti-esclavagiste, aristo, révolutionnaire, sans-le-sou, académicien, voyageur, crevard, il est placé très haut dans mon panthéon personnel).
"Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s’étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j’en vois et toujours avec un nouveau plaisir. L’admirable, c’est qu’ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons.
Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sols, et j’ai entendu de jolis mots à la prud’homme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d’ordre.
C’est la haine que l’on porte au bédouin, à l’hérétique, au philosophe, au solitaire, au poète, et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère. Il est vrai que beaucoup de choses m’exaspèrent. Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton. "

(Lettre de Gustave Flaubert à George Sand, Croisset vers le 15 juin 1867)

DÉLIRE. Rions, buvons, ô mes amis!
Occupons-nous à ne rien faire.
Laissons murmurer le vulgaire,
Le plaisir est toujours permis.
Que notre existence légère
S'évanouisse dans les jeux.
Vivons pour nous, soyons heureux,
N'importe de quelle manière.
Un jour il faudra nous courber
Sous la main du tems qui nous presse
Mais jouissons dans la jeunesse:
Et dérobons à la vieillesse
Tout ce qu'on peut lui dérober.

(Evariste de Parny, Poésies érotiques, 1778)

jeudi 9 septembre 2010

Kin Anima Bulles


Les samedi 23 et dimanche 24 octobre 2010, à la Halle de la Gombe, se tiendra le festival Kin Anima Bulles.
Parmi les auteurs invités : Guy Delisle, Téhem, Stéphane Oiry, Serge Huo-Chao-Si, Hippolyte, Joe Dog, Barly Baruti, Asimba Baty, Jason Kibiswa et bien d'autres.
L'affiche et le programme complet bientôt.

mercredi 8 septembre 2010

Bilili

Il vient de sortir. Ne perdez pas de temps, cessez toutes vos activités et allez au cinéma le voir. C'est un ordre.
(article dans Libé ici)

jeudi 2 septembre 2010

Sérénissime


Sélectionné à la Mostra de Venise, hé oui.

Chanimetal

Situés à l'endroit exact où Stanley fonda Léopoldville, les chantiers navals de Chanimetal sont vraisemblablement les derniers chantiers opérationnels d'Afrique centrale.
11 hectares de terrain en bordure du fleuve, dans la baie de Ngaliéma, juste avant les rapides qui rendent la navigation sur le fleuve impossible, sur lesquels on découvre des ateliers aux machines parfois très anciennes mais en parfait état de marche (presses, soudure, découpeuses, etc), des tonnes de ferraille au milieu des herbes folles, des docks, des cales, des grues, des wagons, des bateaux en construction, en réhabilitation (comme le steamer de Stanley), parfois aussi à l'abandon (et qui encombrent, ce qui fait pester le directeur technique), et d'autres prêts à être livrés comme ce magnifique "Ville de Brazaville" qui, j'espère, proposera des croisières aux voyageurs désirant remonter le fleuve.
Et lorsqu'on s'éloigne des chantiers navals à proprement parler, Chanimetal ressemble à une semi-friche industrielle, et c'est super beau.