dimanche 13 décembre 2009

Dimanche à Kinshasa

Dimanche, les flics kinois sont moins nombreux : on circule donc plus paisiblement et on peut même envisager de prendre quelques photos.

dimanche 29 novembre 2009

Fuck America et autres lectures

Il n'y a pas de librairie à Kinshasa - ou, s'il y en a, elles sont bien planquées. Il me reste un tout petit stock de bouquins à lire, et je comptais sur mes vacances de Noël à la Réunion (Noëëël sous les flamboyaaaants) pour faire le plein, et voilà pas que ma chère compagnie nationale réunionnaise (Air Austral donc) n'a plus une seule place disponible pour ma famille et moi. Grrr !
Pour me venger, je partirai passer Noël en Afrique du Sud. Il y a des librairies en Afrique du Sud, en plus. Malheureusement, je crains que les livres qu'on y trouve soient au mieux en anglais. Shit.
Sinonsa, j'ai lu quelques romans :

Fuck America de Edgar Hilsenrath


Jakob Bronsky, dont on imagine aisément qu'il est le double d'Edgar Hilsenrath, a survécu à la Shoah et a émigré en Amérique. Manque de bol, l'Amérique, c'est la merde : il vit comme un clodo, accumule sans conviction des petits jobs pourris, économise chaque dollar (chaque cent même) pour ne pas avoir à bosser, va (rarement) aux putes, fantasme sur le cul de la secrétaire d'une grande maison d'édition, et essaie tant bien que mal d'écrire son roman : LE BRANLEUR (c'est écrit en majuscules dans le roman, c'est pas moi qui crie).
Je ne sais plus où j'ai lu qu'il y avait quelque chose de Fante et de Bukowski chez Hilsenrath, en tout cas, c'est bien vrai. Une pincée de Primo Lévi aussi du coup. Et c'est ça qui est très étrange : Hilsenrath réussit le tour de force à nous faire bien marrer avec sa pauvre vie de cloche dans une Amérique qu'il déteste, et en même temps, derrière tout ça, il y a la Shoah (pas "derrière", en vrai, "autour" : le roman s'ouvre et se ferme sur le génocide).
C'est souvent grossier et presque toujours drôle.

La Mort du Roi Tsongor de Laurent Gaudé


Sophocle et Tolkien se disent un jour, comme ça : et si on racontait un truc qui se passe en Afrique. Ca donne LMDRT, de Gaudé : une sorte d'épopée antique sur fond africain. L'idée de départ est assez géniale, donc, mais le récit lui-même l'est un peu moins. Pas nul, non, même suffisament captivant pour qu'on le suive jusqu'au bout sans déplaisir, mais un poil chiant quand même, peut-être même un peu convenu. Il manque au roman de Gaudé qu'il quitte le strict cadre de l'épopée antique, que ses personnages s'humanisent un peu. Et puis un peu d'humour - oh, juste un brin - n'aurait pas fait de mal.

Terres de crépuscule de J. M. Coetzee


Deux nouvelles de Coetzee. Les deux premières publiées, si j'ai bien compris. Le Projet Vietnam ouvre le bouquin, mais je ne l'ai pas lu, parce que ça me branchait moyen. En revanche, la deuxième, Le Récit de Jacobus Coetzee, est un petit chef d'oeuvre coetzien : âpre, dur, violent, drôle. Il s'agit du pseudo témoignage de l'ancêtre de l'auteur sur son voyage dans le Nord. Un boer pur jus va chasser l'éléphant, dans des territoires non encore annexés par les blancs. Comme violent réquisitoire contre l'idéologie afrikaner, on ne fait pas mieux, et à mon avis, on trouve déjà dans ce récit toute la force de En Attendant les barbares. Coetzee est grand.


Ces trois livres m'ont été conseillés respectivement par Gael, Manu et Mézigues.

samedi 21 novembre 2009

En face

A Brazzaville, on est dans un autre pays : le centre-ville est propret, la circulation fluide, les gens marchent dans les rues tranquillement, les flics se font discrets, tout semble paisible.


Trop paisible d'une certaine manière, puisque le soir venu, on ne peut pas dire que la ville (du moins son centre) grouille d'activités (quelques restaus, un ou deux bars).
Le touriste que je suis peux visiter le fameux mausolée de de Brazza (qui était le point de départ d'Equatoria, le livre de Deville), la basilique Sainte-Anne ("symbole de l'architecture franco-congolaise de Roger Erell"), la case De Gaulle, l'école de peinture de Poto-Poto...

C'est bien, Brazza, on peut se promener à pieds, manger du bouillon de singe ou de porc-épic (je n'ai goûté ni l'un ni l'autre), boire une Primus "bière du pays" en regardant les rapides du fleuve Congo.

Ah ben oui, parce que si je lève les yeux, les immeubles de Kin' sont là, juste en face, à 1 ou 2 km, même pas. Je pourrais même apercevoir ma maison si j'étais moins bigleux.

Il faut donc 6 mn de bateau pour traverser le grand fleuve, et pour changer de monde - ou presque.

samedi 7 novembre 2009

L'école selon Werner.


B. M. me signale l'ouverture de l'école de cinéma la plus excitante du monde : le Rogue Film School de Werner Herzog.

Herzog est sans doute mon réalisateur de cinéma préféré, et je suis ravi de voir que son abbaye de Thélème est à la hauteur de sa réputation. La page d'accueil de l'école présente ainsi la nature de l'établissement :

"La Rogue film school n’est pas faite pour les chochottes. Mais pour ceux qui ont voyagé à pied, ont travaillé comme videurs dans des sex-clubs ou comme gardiens dans des asiles de fous. Pour ceux qui veulent apprendre comment faire de faux permis de tournage dans des pays qui ne veulent pas de leurs projets. En bref : elle est faite pour ceux qui ont un sens de la poésie. Pour ceux qui sont des pèlerins, ceux qui peuvent raconter une histoire à un enfant de quatre ans sans perdre leur attention. Pour ceux qui brûlent d’un feu intérieur. Pour ceux qui ont un rêve."

Plus loin, les objectifs pédagogiques sont annoncés clairement :

- Related, but more practical subjects, will be the art of lockpicking. Traveling on foot. The exhilaration of being shot at unsuccessfully. The athletic side of filmmaking. The creation of your own shooting permits. The neutralization of bureaucracy. Guerrilla tactics. Self reliance.
- Censorship will be enforced. There will be no talk of shamans, of yoga classes, nutritional values, herbal teas, discovering your Boundaries, and Inner Growth.

- Related, but more reflective, will be a reading list: if possible, read Virgil's "Georgics", read "Hemingway's "The short happy life of Francis Macomber", The Poetic Edda, translated by Lee M. Hollander (in particular the Prophecy of the Seeress), Bernal Diaz del Castillo "True History of the Conquest of New Spain".

- Follow your vision. Form secretive Rogue Cells everywhere. At the same time, be not afraid of solitude.

Ah bon dieu, c'est à vous donner envie de tout foutre en l'air, et d'aller rejoindre Werner !

samedi 31 octobre 2009

Joe Dog : exposition

Je vous le livre tel quel (en anglais quoi) :


Works on Paper
A solo exhibition by Anton Kannemeyer

On Thursday 12 November at 6pm.

The exhibition runs until 15 December.

Brodie/Stevenson is pleased to present a solo exhibition by Anton Kannemeyer. Kannemeyer will show a variety of original drawings and editioned prints, including drawings from the artist’s sketchbooks and works selected from his extensive archive of rare, older prints.

The exhibition will comprise two bodies of work: politically orientated pieces, which take a highly satirical approach to historical and contemporary situations in Africa, and a selection of more personal works, focusing on self-portraiture as well as idiosyncratic characters in whom Kannemeyer has taken an interest.

Included among the political works will be some rarities by Joe Dog – Kannemeyer’s alter-ego, the co-creator of Bitterkomix – such as original black ink drawings for the covers of The Big Bad Bitterkomix Handbook and posters from Bitterkomix Vols I and III.

Kannemeyer’s appropriation of Herge’s Tintin character reappears in two new, large-scale drawings that offer a searing critique of Belgian colonisation of the Congo. Also on show will be ink sketches for several of Kannemeyer’s paintings.

Kannemeyer’s ongoing Alphabet of Democracy series will be represented by several rare or unavailable prints, as well as a unique hand-worked version of Z is for Zuma (featured on the cover of Art South Africa’s December 2008 issue). Danie Marais writes that in this series.

[Kannemeyer] has turned his focus from the sins, perversions and sexual repression of the fathers to the bigger post-apartheid picture. The Alphabet still sharply comments on the madness directly below the surface of the rabidly conformist parts of white South African society, especially the Afrikaans community. But as the title indicates, it is also concerned with the current mutations of bigotry bred by political correctness, financial greed and the hollow rainbow and renaissance rhetoric of a new political hierarchy. (Danie Marais, ‘White on black on white’, 2007)

Autobiographical and other personal work by the artist will include iconic prints such as A White Person (acquired by the Museum of Modern Art, New York, in 2007), 5-Headed Monster of My Youth (2008), Look, Over There… (2005) and True Love (1999). There will also be drawings from the artist’s ongoing Author series depicting Etienne Le Roux, George Sand, Eugene Marais and Charles Bukowski, among others, in addition to sketchbook pages and self-portraits.

For further information please email info@brodiestevenson.com

vendredi 23 octobre 2009

Images coloniales


Quelques photos (chopées sur le net) de Léopoldville et du Congo belge : ennui colonial sur la terrasse, Force Publique, chefs traditionnels, visions de l'indigène.

Le bateau de Stanley

Situé dans l'enceinte de l'ancien palais de Mobutu, le musée de Kinshasa surplombe le fleuve et les chantiers navals de Channimetal.

Le musée souffre clairement d'un manque criant de fonds. D'ailleurs, en fait de musée, il n'y a pas de salle d'exposition, mais les guides nous font quand même visiter les réserves : d'immenses salles aux étagères surchargées de masques, statues, reliquaires, lances, épées, costumes de cérémonie, objets de culte etc (mais aussi les fauteuils en peau de léopard du Maréchal ou son buste en bronze). C'est très impressionnant, vieillot, et envoûtant.
Malheureusement, les photos sont interdites à l'intérieur.
A l'extérieur, en revanche, on peut prendre autant de photos qu'on veut (ou presque : il ne faut pas photographier en direction de la Gombé où se situe le palais présidentiel).

Et dehors, outre des fresques contemporaines, on trouve quelques vieilles statues coloniales belges : la statue équestre de Léopold II, celle de la "Force Publique", celle, par terre, d'un roi belge dont j'ai oublié le nom et le numéro (Albert II, je crois) et enfin la statue écroulée de Stanley, le fameux Boula-Matari, l'explorateur le moins sympathique du monde. D'ailleurs, il a un peu une sale gueule Stanley, avec sa tête à la Tartarin.
Un peu plus loin, on peut découvrir son navire en fer, tout rouillé, avec lequel il a remonté le fleuve, lors de l'un de ses voyages. La barquasse ne paie pas de mine mais en même temps impressionne et renvoie inévitablement à tout un imaginaire conradien (celui de Heart of Darkness et encore plus de An Outpost of progress".