Pour me venger, je partirai passer Noël en Afrique du Sud. Il y a des librairies en Afrique du Sud, en plus. Malheureusement, je crains que les livres qu'on y trouve soient au mieux en anglais. Shit.
Sinonsa, j'ai lu quelques romans :
Fuck America de Edgar Hilsenrath
Jakob Bronsky, dont on imagine aisément qu'il est le double d'Edgar Hilsenrath, a survécu à la Shoah et a émigré en Amérique. Manque de bol, l'Amérique, c'est la merde : il vit comme un clodo, accumule sans conviction des petits jobs pourris, économise chaque dollar (chaque cent même) pour ne pas avoir à bosser, va (rarement) aux putes, fantasme sur le cul de la secrétaire d'une grande maison d'édition, et essaie tant bien que mal d'écrire son roman : LE BRANLEUR (c'est écrit en majuscules dans le roman, c'est pas moi qui crie).
Je ne sais plus où j'ai lu qu'il y avait quelque chose de Fante et de Bukowski chez Hilsenrath, en tout cas, c'est bien vrai. Une pincée de Primo Lévi aussi du coup. Et c'est ça qui est très étrange : Hilsenrath réussit le tour de force à nous faire bien marrer avec sa pauvre vie de cloche dans une Amérique qu'il déteste, et en même temps, derrière tout ça, il y a la Shoah (pas "derrière", en vrai, "autour" : le roman s'ouvre et se ferme sur le génocide).
C'est souvent grossier et presque toujours drôle.
La Mort du Roi Tsongor de Laurent Gaudé
Sophocle et Tolkien se disent un jour, comme ça : et si on racontait un truc qui se passe en Afrique. Ca donne LMDRT, de Gaudé : une sorte d'épopée antique sur fond africain. L'idée de départ est assez géniale, donc, mais le récit lui-même l'est un peu moins. Pas nul, non, même suffisament captivant pour qu'on le suive jusqu'au bout sans déplaisir, mais un poil chiant quand même, peut-être même un peu convenu. Il manque au roman de Gaudé qu'il quitte le strict cadre de l'épopée antique, que ses personnages s'humanisent un peu. Et puis un peu d'humour - oh, juste un brin - n'aurait pas fait de mal.
Terres de crépuscule de J. M. Coetzee
Deux nouvelles de Coetzee. Les deux premières publiées, si j'ai bien compris. Le Projet Vietnam ouvre le bouquin, mais je ne l'ai pas lu, parce que ça me branchait moyen. En revanche, la deuxième, Le Récit de Jacobus Coetzee, est un petit chef d'oeuvre coetzien : âpre, dur, violent, drôle. Il s'agit du pseudo témoignage de l'ancêtre de l'auteur sur son voyage dans le Nord. Un boer pur jus va chasser l'éléphant, dans des territoires non encore annexés par les blancs. Comme violent réquisitoire contre l'idéologie afrikaner, on ne fait pas mieux, et à mon avis, on trouve déjà dans ce récit toute la force de En Attendant les barbares. Coetzee est grand.
Ces trois livres m'ont été conseillés respectivement par Gael, Manu et Mézigues.