vendredi 21 janvier 2011

Pa. Lu.


Patrice Lumumba est mort le 17 janvier 1961.
Le PaLu, Parti Lumumbiste, est l'un des nombreux partis qui prétend entretenir son héritage.
Quant à moi, je suis allé plus loin, puisque dans un engagement politique qui forcera, j'en suis sûr, l'admiration de mes contemporains, j'ai carrément décidé de choper le palu ce 17 janvier.
Je viens donc de passer 5 jours de malaria que je ne souhaite pas à mon pire ennemi. Si au moins j'étais un vieux colonial, au fin fond de l'Aveyron, entouré de fétiches et de peaux de zèbre mitées, à essayer de calmer mes vieilles fièvres africaines à coups de whisky en invoquant le nom d'un boy fantôme qui m'aurait sauvé la vie lors d'une chasse au lion épique, ça aurait eu un peu de classe.
Non, j'ai juste passé 5 jours à suer et à trembler comme une feuille, me trainant parfois dans un effort surhumain du lit au canapé, en essayant d'avaler mes 8 comprimés quotidien de Coartem et ne sachant toujours pas exactement où se trouve l'Aveyron.

(la fiche prophylactique présentée a été corrigée par La Crainte)

Oncle Jacques

En 1925, à peu près à la même époque que Tintin, l'oncle Jacques se promenait au Congo belge.
Il prenait le café avec des amis pour tromper l'ennui colonial, s'allongeait sur une chaise longue sur le pont du vapeur qui remontait le fleuve, et photographiait les indigènes.




Merci à Emmanuel Genvrin, petit-neveu de l'oncle Jacques, pour ces clichés désuets.

lundi 3 janvier 2011

UVSB

Couv' définitive pour UVSB.
Quat' de couv' :


Et quelques crobards de Tanquerelle, qui va me détester pour ça*, pour réfléchir à "Delenda Carthago", un projet que nous avons d'une histoire de cambriolage-peplum-héroïque fantaisie-historique qui réglera son compte à Flaubert et à mon lieu de naissance.



* ah ben il a qu'à m'en envoyer plein d'autres aussi ! (avec ou sans lapin)

vendredi 31 décembre 2010

deux mille onze


Alors, j'ai envoyé cette carte de voeux (sublimement dessinée par La Crainte soi-même, mais je ne vois pas du tout qui il a essayé de représenter) à tout plein de gens, et j'ai reçu en réponse tout plein de messages de non-distribution pour cause de spam (en particulier de la part de free).
Tant pis, il faudra venir ici pour l'admirer.
Bonana tout' domoune.

Là-bas si j'y suis


Daniel Mermet et Guiv Anquetil ont proposé, du 9 au 17 décembre, une série d'émissions consacrées au Congo, ou plus exactement à l'Est du pays. Ca s'appelle "Congo, Kivu, Katanga, ce magnifique gâteau africain" et on peut les réécouter ici.

Les deux premières émissions reviennent sur la guerre dans les Kivu, et sur son origine rwandaise. La troisième émission est un entretien avec André Guichaoua (spécialiste du Rwanda).
On peut considérer que les propos tenus par Mermet et Guichaoua sont discutables, puisqu'il s'agit pour les deux hommes de souligner la responsabilité du FPR de Paul Kagame dans les deux guerres du Congo - ce qui est indubitable mais un peu court, car les responsabilités sont nombreuses et complexes : l'état du Zaïre de Mobutu a largement permis au chaos de s'installer, et à peu près tous les voisins du géant africain portent la responsabilité du conflit, de l'Ouganda (au premier chef) à l'Angola, en passant par la Namibie, le Zimbabwe, le Tchad... Et je ne parle pas des immenses intérêts économiques des grands groupes industriels occidentaux, ni de la rivalité franco-américaine qui n'a pas arrangé les choses.
Bref, si Kagame n'est pas un modèle de dirigeant démocratique - mais Mobutu ou Museveni l'étaient-ils ? - on peut trouver étrange de lui faire porter seul la responsabilité des maux du Congo (ce qui exonère étrangement les groupes interahamwe, futurs FDLR, principaux coupables des atrocités commises)*.
Les émissions 4, 5 et 6 portent sur la situation actuelle et traitent des creuseurs, des viols de femmes à Walikale, du coltan, de la cassérite et de Goma.
Enfin, la sixième émission - la "musicale" - est plus légère, mais pas moins intéressante, et parle des tchukudus de Goma et de musiciens de la Gecamines à Lubumbashi.

Dans tous les cas, c'est une série passionnante à écouter, et je remercie Guy Delisle de me l'avoir signalée.


* je dis ça rapidement : la guerre du Congo est évidemment très compliquée, et je suis incapable d'y voir clair. Il faut ajouter que comme pour le génocide rwandais, les gens qui en parlent sont souvent de parti-pris et qu'il est difficile de se fixer définitivement.
On peut consulter le fameux "mapping", rapport de l'ONU sur les violences en RDC, en le téléchargeant ici.

jeudi 30 décembre 2010

Soutenance

Je ne pourrai pas y être, mais je fais passer l'annonce : Menu soutient son doctorat le 8 janvier, et c'est (évidemment) public.

lundi 20 décembre 2010

Vingt décembre


Lislet Geoffroy (1755 - 1836), fils d'un homme des Lumières et d'une princesse du Sénégal, est le premier grand savant de l'île Bourbon. Il n'a jamais été esclave, mais il était fils d'esclave. Il a été aussi le premier "noir" membre de l'Académie des Sciences de Paris (où il ne mit jamais les pieds).

Lislet avait deux ans de moins qu'Evariste de Parny, se sont-ils rencontrés ? Lislet connaissait-il ces phrases d'Evariste (dans une lettre à Bertin de 1775) :

"Je ne saurais me plaire dans un pays où mes regards ne peuvent tomber que sur le spectacle de la servitude, où le bruit des fouets et des chaînes étourdit mon oreille et retentit dans mon coeur. Je ne vois que des tyrans et des esclaves, je ne vois pas mon semblable. On troque tous les jours un homme contre un cheval : il est impossible que je m'accoutume à une bizarrerie si révoltante."

Voilà donc mes deux héros des Lumières de l'île Bourbon* : le noir, scientifique, rationnel, fils d'esclave, qu'on imagine sérieux et posé, et le blanc, littéraire, fantasque, fils d'esclavagiste, qu'on imagine drôle et agité. Tous deux ont pleinement adhéré aux philosophes de leur siècle, tous deux ont été reconnus par les institutions de leur temps (l'Académie des Sciences pour Lislet, l'Académie française pour Evariste), et tous deux sont morts hors de leur île où, pourtant, ils souhaitaient revenir.
(et tous deux sont assez laids dans les portraits qui les représentent.)

*hé, ça ferait un super titre de bouquin !